By Meriem Bouderbela, ArteEast Featured Artist
Winter 2013 | Gallery
Mon travail de plasticienne a toujours été marqué par ma double origine, tunisienne et française. La culture arabo-musulmane m’empêchait la figuration humaine ; la culture occidentale l’exposait au contraire jusque dans les caricatures de l’Orientalisme. Entre les deux univers, j’ai orienté mes recherches plastiques vers l’interface, vers ce qui sépare le corps de chair de ce qui l’offre au regard : la peau, les enveloppes et les étoffes. Parfois j’expose des fragments cutanés marqués de signes, de scarifications, de blessures ; parfois je m’arrête au tissu qui couvre le corps et l’enveloppe comme une chrysalide fragile ou comme une carapace hostile.
La tradition islamique a exploré à sa manière des voies semblables. Les marques sur la peau l’embellissent autant qu’elles la masquent ; le drapé des étoffes dissimule autant le corps qu’il l’exalte dans son mystère. Dans la tradition islamique, la géométrie, la symétrie, la répétition fractale des motifs, constituent une réponse poussée à l’extrême à ces contradictions : le corps s’efface derrière l’ordre mathématique du monde.
À ce point de mon parcours, c’est particulièrement le corps de la femme qui me questionne. Le mien dont je mets en scène des mutations dans la photographie et la vidéo ; celui de la femme dans le monde Islamique, partagée entre sa lecture de la tradition et sa dépendance à la modernité. Je réfute l’idée d’un simple compromis entre tradition et modernité ; je suis en quête d’une troisième voie dont la femme et son corps seraient le fil rouge.
– Meriem Bouderbala
2012